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7 avril 2021 by Les Réservistes 0 Comments

LE DEBRIEF – LDC – BAYERN MUNICH 2-3 PARIS SG / FC PORTO 0-2 CHELSEA

Yasser Salfiti prend les commandes de ce débrief avec toute l’équipe des chroniqueurs pour analyser les premiers quarts de finale de cette Ligue des Champions qui oppose le Bayern Munich au Paris SG et le FC Porto à Chelsea

6 avril 2021 by Les Réservistes 0 Comments

LE DEBRIEF – LDC – MANCHESTER CITY 2-1 DORTMUND / REAL MADRID 3-1 LIVERPOOL

Yasser Salfiti prend les commandes de ce débrief avec toute l’équipe des chroniqueurs pour analyser les premiers quarts de finale de cette Ligue des Champions qui oppose Manchester City au Borussia Dortmund et le Real à Liverpool

1 avril 2021 by Les Réservistes 0 Comments

AS Monaco : La révolution Kovac

L’AS Monaco, actuel 4e de ligue 1, réalise une très bonne saison qu’elle doit évidemment à son entraîneur, Niko Kovac. Comme disait Polo Breitner, spécialiste de la Bundesliga, « C’est quelqu’un qui a une vision internationale du foot, multiculturelle ». Pour comprendre son succès, nous allons revenir sur son parcours et les éléments sur lesquels il s’appuie pour avancer avec le club de la principauté.

Après ses passages au Red Bull Salzburg (équipe de jeunes puis adjoint de l’équipe professionnelle) et à la tête de la sélection croate, Niko Kovac s’est révélé à l’Eintracht Francfort. Arrivé alors que le club luttait pour le maintien, il les sauve grâce aux barrages et initie un renouveau du club qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Les deux saisons suivant le maintien, il fait progresser l’équipe (11ème en 2016/17, 8ème la saison suivante) et atteint à chaque fois la finale de la Coupe d’Allemagne (deux défaites et une victoire 3-1 contre le Bayern en 2018). C’était le premier trophée majeur remporté par le club depuis 1988 ! Dans un football allemand porté vers l’offensive, l’Eintracht de Niko Kovac s’est démarqué par sa combativité, sa solidité et son pragmatisme. Très bon motivateur, il était adoré du vestiaire et savait tirer le meilleur de ses joueurs. En 2018, il rejoint le Bayern Munich après avoir remporté le DFB Pokal contre ces derniers et fait passer l’Eintracht du maintien à l’Europa League. Alors que sa première saison était plutôt satisfaisante sur le plan comptable avec un doublé national (malgré 9 points de retard sur Dortmund à la 15ème journée) ; le niveau de jeu, l’élimination dès les huitièmes de la Ligue des Champions et des déclarations hasardeuses, lui ont valu de vives critiques de la part de nombreux supporters. Son plan de jeu défensif et sa mentalité combative d’outsider ne convenaient pas au Bayern. La saison suivante, il a été limogé suite à une qualification à la dernière seconde contre Bochum en coupe d’Allemagne et une défaite sanglante 5-1 à Francfort.

Niko Kovac, entraîneur de l’ASM

Avec une force mentale, l’ASM a su à plusieurs reprises revenir dans des matchs où ils étaient menés comme contre l’Olympique de Marseille (victoire 3-1). L’équipe se crée beaucoup d’occasions en terminant les actions par des buts et aime avoir la possession du jeu. Ce contrôle du jeu est important, Monaco tente souvent des passes en profondeur et aime contrôler le jeu dans l’axe du terrain. L’équipe monégasque est la deuxième meilleure attaque de Ligue 1 avec 56 buts derrière le PSG (62 buts). A l’inverse, Monaco encaisse beaucoup de buts et n’est donc que la 9ème meilleure défense avec 38 buts concédés face à un Paris Saint-Germain qui n’en a concédé seulement 17. Si Monaco marque autant de buts, c’est en grande partie grâce à Kevin Volland et Wissam Ben Yedder. Les deux attaquants assez complémentaires ont marqué à deux 26 buts cette saison. Le cœur du jeu est également un aspect important de la tactique du coach croate. La paire Tchouameni-Fofana symbolise le renouveau et l’ambition monégasque. Niko Kovac en est très content : « Aurélien et Youssouf font un bon travail. Ils évoluent actuellement à un très haut niveau, ils sont très importants dans l’équilibre défensif de notre jeu. Ils sont au cœur du jeu et le cœur de l’équipe ». La défense est également importante et gagne beaucoup de duels, les joueurs sont impliqués et concentrés sur les matchs. Guillermo Maripan, le défenseur chilien, est d’ailleurs le quatrième meilleur buteur de son club en ayant marqué 5 buts, dont un contre le club de la capitale. Il apporte à Monaco une plus-value défensive et de l’assurance derrière, ce qui lui a valu d’être à deux reprises « homme du match » cette saison.  Cette implication démontre bien la hargne du joueur partagée par une équipe soudée, qui, malgré quelques erreurs individuelles, ne lâche jamais rien lors des matchs. 

Niko Kovac est arrivé juste après la nomination de Paul Mitchell au poste de directeur sportif. Cette décision en a surpris plus d’un, notamment Roberto Moreno (entraîneur à ce moment-là) qui avait débuté la préparation estivale. L’ancien entraîneur du Bayern Munich sait s’entourer et Monaco doit aussi sa réussite à son staff. Son adjoint et frère, Robert Kovac, s’occupe principalement des tactiques sur coups de pieds arrêtés offensifs et défensifs et c’est une réussite puisque l’ASM a marqué 24 buts dans cet exercice depuis le début de la saison. Ensuite, son deuxième adjoint, Goran Lackovic s’occupe de favoriser l’ascension des nombreux jeunes joueurs présents dans le centre de formation et dans l’équipe première de l’ASM. L’entraîneur des gardiens, Vatroslav Mihacic, est un travailleur qui pousse les gardiens dans leurs retranchements et ne ménage jamais les efforts. Aaron Briggs s’occupe de l’analyse tactique, l’ancien protégé de Pep Guardiola à Manchester City a une connaissance importante sur le football et ne manque pas de le rappeler lors des séances d’analyses vidéo avec les joueurs. Enfin, au niveau athlétique, Walter Gferer prépare les joueurs au très haut niveau en étant rigoureux et intransigeant, c’est une personne sur laquelle Niko Kovac compte énormément. L’objectif du coach du rocher était de remettre la formation et les jeunes au cœur de son projet, c’est chose-du avec le recrutement cet été de Paul Mitchell en tant que directeur sportif. C’est d’ailleurs par son intermédiaire que Kevin Volland, l’attaquant allemand, a signé à Monaco. Une arrivée réussie notamment grâce à son influence (13 buts et 8 passes décisives) sur le jeu et sa très bonne complémentarité avec Wissam Ben Yedder.  

Les stats de l’AS Monaco cette saison

S’il y a un match référence pour l’AS Monaco cette saison, c’est la victoire au Parc des Princes lors de la 26e journée du championnat, contre le Paris-Saint-Germain. En début de saison, le coach de l’AS Monaco avait annoncé qu’il lui fallait au moins 6 mois pour s’adapter et avoir une équipe compétitive et prête à jouer dans les meilleures conditions. Et c’est un semestre plus tard que cette victoire face au club de la capitale a eu lieu, donnant raison au coach croate. Niko Kovac s’est adapté en fonction du PSG, il a gagné le match tactiquement contre Pochettino en donnant un rôle précis à chacun de ses joueurs, notamment celui de canaliser la flèche française Kylian Mbappé. Jérôme Rothen expliquait au micro de RMC que « Les idées de Kovac étaient basées sur l’adversaire. C’est là qu’on voit l’importance du coach ».  En effet, l’importance du coach croate est prépondérante dans la réussite du club de la principauté spécifiquement grâce à son apport tactique et sa capacité à s’adapter à son adversaire. L’ASM est la première équipe à battre le PSG deux fois sur la même saison depuis l’AS Nancy en 2011-2012 (RMC). 

S’il y a un joueur sur lequel Niko Kovac compte, c’est Sofiane Diop. Le jeune joueur français (20 ans), auteur de 6 buts cette saison, est en train de prendre beaucoup de place dans le 11 titulaire de l’ASM. Petit de taille, le milieu offensif est un bon dribbleur. Il a participé à tous les matches de Ligue 1 cette saison pour environ 74% du temps de jeu et une note moyenne de 6.97/10 par match. Il était sur le point de faire partie du grand dégraissage estival de l’AS Monaco, mais il a su convaincre le coach croate de le garder. A juste titre puisque Sofiane Diop est devenu un titulaire indiscutable. Il réussit en moyenne 80,5 % de ses passes mais a encore du mal dans les duels aériens et dans les centres. Testé à de nombreux postes cette saison, il a su s’imposer comme milieu droit au sein de l’effectif monégasque. Sa contribution défensive permet notamment à Niko Kovac d’avoir de l’assurance lors des contre-attaques contre son équipe. Formé à Rennes, Sofiane Diop veut continuer sa progression à Monaco en espérant être appelé un jour en équipe de France.

Avec Niko Kovac, la révolution est en marche depuis le début de saison. Il a totalement changé un AS Monaco qui était perdu depuis son épopée en Ligue de Champions en 2017. Avec une philosophie de jeu totalement différente de celle de Leonardo Jardim, les joueurs ont été formatés par Niko Kovac est ont désormais cette mentalité d’outsider mort de faim qui n’a rien à perdre. Cela faisait plusieurs saisons que le club du rocher ne jouait plus les premiers rôles. Après avoir fini 17ème en 2018/2019, Monaco est actuellement à 1 point de Lyon, troisième, et peut sûrement espérer mieux à l’issue de la saison. A suivre !

29 mars 2021 by Les Réservistes 0 Comments

Pays-Bas et Belgique : la réunion des championnats ?

Le 16 mars dernier, la Ligue professionnelle belge de football a annoncé son vote à l’unanimité en faveur d’une fusion entre son championnat, la Jupiler League, et celui des Pays-Bas, l’Eredivisie. La Ligue de Football néerlandaise ne s’est pas encore prononcée à ce sujet. L’objectif : rendre ces deux championnats plus attractifs et les (re)mettre sur le devant de la scène européenne. En effet, les Pays-Bas et la Belgique ont un lien fort avec la coupe d’Europe. 

Pays-Bas et Belgique : À la recherche d’un passé glorieux

8 mai 2002. Devant les 45 000 spectateurs du stade De Kuip de Rotterdam, le Feyenoord remporte la coupe de l’UEFA face au Borussia Dortmund (3-2). Une deuxième victoire dans cette compétition après celle de 1974, à laquelle s’ajoute une victoire en Coupe d’Europe des clubs Champions, l’ancêtre de la Ligue des Champions, en 1970. 

Et depuis, plus rien. 21 ans qu’aucun club néerlandais n’a plus soulevé une coupe d’Europe. Hormis les demi-finales de Ligue des Champions en 2005 pour le PSV Eindhoven et en 2019 pour l’Ajax Amsterdam et une finale de Ligue Europa en 2017, toujours pour le club ajacide, le bilan récent des clubs néerlandais sur la scène européenne est assez maigre. Un revers de médaille assez dur pour un pays qui compte 3 clubs vainqueurs de la Ligue des Champions, l’Ajax Amsterdam, le PSV Eindhoven et le Feyenoord Rotterdam pour un total de 6 victoires à eux trois dans la plus prestigieuse des compétitions européennes.

Si la Belgique a moins brillé en Ligue des Champions que son voisin, elle dispose d’une histoire très riche avec les Coupes d’Europe . En effet, le football belge en Europe a connu une période faste, entre 1976 et 1990. Durant cette période, les clubs belges disputent 10 finales de Coupe d’Europe (C1, C2 et C3 confondus). L’illustre club bruxellois d’Anderlecht écrit son histoire européenne.  Le club remporte 2 fois la Coupe des Coupes en 1976 et 1978 et la Coupe UEFA en 1983. Le Club Bruges sera plus malheureux. Défaite en finale de la Coupe UEFA en 1976, et défaite en finale de Ligue des Champions en 1978, à chaque fois contre Liverpool. Le FC Malines, club modeste, va surprendre son monde, en remportant la Coupe des Coupes en 1988. Même si la Belgique ne compte aucune victoire en C1 pour une seule finale, le plat pays a remporté plus de Coupe d’Europe que la France. 

Un passé glorieux pour ces deux pays, mais plus qu’un lointain souvenir nostalgique désormais. 

La « BeNeLeague », une meilleure compétitivité ? 

Après la validation de ce projet par les 25 clubs professionnels belges en assemblée générale, la fusion Pays-Bas- Belgique devient une ambition plus que concrète. Dans les cartons depuis plus de 20 ans, cette initiative a pris un gros coup d’accélérateur ces derniers jours. 

Avec deux championnats qui ont perdu de leur superbe d’antan, l’objectif est de créer un championnat plus compétitif. De fil en anguille, une plus forte compétitivité entraîne une plus grande attractivité et donc des revenus liés au droits TV plus importants. 

« Cette volonté est basée à la fois sur le respect des ambitions sportives des plus grands clubs et sur la nécessité d’assurer une stabilité financière pour tous les clubs » a déclaré la Ligue belge. Cette dernière espère la création de la “BeNeLeague” pour 2025. 18 clubs seraient engagés dont les 5 « grands » de Belgique (Anderlecht, le Standard de Liège, Genk, La Gantoise et le Club Bruges), accompagné des prestigieux clubs bataves de l’Ajax, le PSV Eindhoven, le Feyenoord Rotterdam, l’AZ Alkmaar, le FC Utrecht et le Vitesse Arnhem. Un plateau plutôt alléchant jusque-là.

Réactions ambivalentes

La Belgique accueille plutôt favorablement cette nouvelle initiative, les clubs professionnels ayant voté « oui » à l’unanimité. L’ancien capitaine des Diables Rouges, Vincent Kompany a, par le passé, manifesté son envie de voir ce championnat être établi. Un an auparavant, Robin Van Persie s’était montré favorable à la BeNeLeague, « Je suis favorable à une BeNe League. Tout le monde veut jouer le plus de matchs possibles au plus haut niveau. C’est ce qui rend l’équipe meilleure. Les grosses équipes néerlandaises affrontent parfois des équipes assez faibles à domicile. Il y a chaque saison des matches comme ça. Pourquoi ne pas remplacer ces équipes par des cadors belges comme Anderlecht, La Gantoise ou Genk ? Ce serait bien pour les deux championnats. Les deux pays sont proches, les équipes n’auraient pas de longs voyages ».

 Le sélectionneur de l’équipe de Belgique, Roberto Martinez reste prudent : « Nous devons examiner tout ce qui pourrait aider la Pro League. La BeNeLeague aurait de réels avantages, mais elle pourrait aussi avoir quelques inconvénients. Maintenant, il s’agit donc d’évaluer les différentes possibilités et essayer de voir comment cela sera mis en place. Je pense qu’avoir les meilleures équipes de Belgique et les meilleures équipes des Pays-Bas ne peut être que positif. » a-t ’-il déclaré au micro de la RTBF. Le coach espagnol estime que cette solution peut être bénéfique pour les jeunes joueurs du championnat belge « Les jeunes ne ressentiraient pas le besoin de partir à l’étranger trop tôt. Je pense que nous pourrions leur donner un peu plus de temps. On pourrait également mieux préparer les joueurs mentalement, physiquement, techniquement et tactiquement ». 

Toutefois, cette éventualité ne fait pas totalement l’unanimité, notamment aux Pays-Bas. En effet, les anti-BeNeLeague estiment que l’identité des deux championnats et les traditions qui les entourent seraient complètement bafouées. En mars 2020, Matthijs Keuning le président de Supporterscollectief Nederland avait publié ceci dans un communiqué : 

« Notre culture du football est jetée par-dessus bord dans une telle fusion. L’Eredvisie a l’image d’un championnat avec un football attractif et de bons joueurs. (…) Nous ne comprenons vraiment pas qu’on puisse jeter cette image par-dessus bord en fusionnant avec la Belgique, où la compétition a une image différente à cause de la corruption et à d’autres choses folles. (…) Aux Pays-Bas, il est déjà très difficile d’obtenir l’accord de tous les clubs et ce le sera encore plus si deux pays doivent s’entendre. Notre conclusion : nous n’en voulons pas. Si l’objectif est d’améliorer la qualité du football, il existe de nombreux autres moyens. (…) Nous n’avons vraiment pas besoin de clubs belges pour accroître la résistance. Le football néerlandais en tant que marque est beaucoup plus fort que le belge. » 

Même en Belgique, de nombreuses interrogations subsistent : Quelles équipes seront reléguées en fin de saison ? Les dernières du classement, peu importe leur nationalité, ou bien la moins bonne équipe belge et la moins bonne néerlandaise ? De même pour les qualifications en coupe d’Europe : les premières équipes au classement de la BeNeLeague seraient-elles qualifiées, ou bien les places seraient distribuées aux clubs belges et néerlandais les mieux classés pour que les deux pays soient représentés sur la scène continentale ?

En outre, les instances dirigeantes du football pourraient être un frein au développement de la BeNeLeague. L’UEFA s’y oppose en interdisant les fusions. En 2016, lors de sa nomination en tant que président de l’UEFA, Aleksandr Čeferin avait d’ailleurs déclaré qu’il considérait que les nouvelles compétitions transfrontalières devraient s’ajouter au calendrier, et non pas remplacer les compétitions nationales. 

La faisabilité de la BeNeleague est donc à étudier. Il reste encore à savoir la réponse des clubs néerlandais, qui devrait être rendue publique dans les prochains jours. La création d’un tel championnat serait une petite révolution dans le football et d’autres nations pourraient emboîter le pas comme la Suisse et l’Autriche ou encore les Pays Balkans et scandinaves. 

Sacha AICHE

27 mars 2021 by Les Réservistes 0 Comments

Fayad Moindjie : « La qualification des Comores est un vecteur d’union et de bonheur dans le pays »

L’archipel des Comores a décroché une première qualification historique pour la Coupe d’Afrique des Nations grâce à son match nul face au Togo, jeudi 25 mars à Moroni (0-0). Une performance inédite, suivie avec attention par notre chroniqueur Fayad Moindjie. Entretien. 

Fayad, tu es originaire et supporter des Comores, quels sentiments ressens-tu après cette qualification historique ? 

Fayad Moindjie : Beaucoup de bonheur, forcément. C’est un pays passionné par le football. Il y a peu de moyen là-bas, et voir le pays être enfin représenté au plus haut niveau africain, c’est une immense fierté. C’est aussi une qualification que l’on attendait depuis longtemps, même si l’intégration de l’équipe dans le classement FIFA est assez récente (2005, premier match officiel en 2006) et que la dernière fois que la sélection a failli accéder à la Can, c’était il n’y a pas très longtemps non plus (édition 2019). 

Pour Youssouf M’Changama, milieu de terrain de la sélection, « Cette qualification ne tombe pas du ciel ». Es-tu d’accord avec son analyse ? 

FM : Oui, il a raison. C’est un travail de longue haleine. En 2019, l’équipe n’était pas loin de se qualifier dans une poule relevée, avec le Cameroun et le Maroc. Il y avait déjà des choses très intéressantes. La défaite contre le Maroc se décide dans les derniers instants du match (match nul au match aller) et il y a aussi un match nul obtenu contre le Cameroun (2018) qui était très prometteur. On sentait qu’il y avait un style qui était en train de se mettre en place et que l’équipe était en pleine progression. Ces efforts-là portent leurs fruits aujourd’hui et viennent récompenser la sélection.

On dit d’Amir Abdou qu’il a changé le visage de cette sélection à son arrivée en 2014. Est-ce également ton ressenti ?

FM : Oui. Il a une histoire assez spéciale Amir Abdou. Il devait être adjoint d’Henri Stambouli, qui a décliné l’offre de sélectionneur des Comores au dernier moment pour prendre les rênes du centre de formation de Montpellier. C’est donc Amir Abdou qui a pris le poste en 2014. Beaucoup de gens avaient des doutes sur ses compétences car il n’avait entraîné qu’au niveau amateur. Et finalement, il s’est avéré être l’homme de la situation. Il a eu un rôle à la fois au niveau de l’équipe et au niveau de la direction sportive. Il a bâti un groupe et convaincu les binationaux de se joindre à ce projet. Les travaux qu’il a entrevus sont vraiment immenses, que ce soit en termes de places grattées au classement FIFA ou de moments historiques comme les matchs nuls face au Ghana (2015) et le Maroc (2018). 

D’un point de vue purement footballistique, quels progrès constatent-tu depuis sa prise de fonction ? 

FM : L’équipe a progressé à tous les niveaux. Le fait d’avoir des joueurs professionnels et des binationaux qui évoluent dans des championnats intéressants, cela a permis à l’équipe de passer un cap et de se professionnaliser. C’est notamment une équipe très cohérente d’un point de vue tactique. 

Quel impact une performance comme celle-ci peut-elle avoir sur un pays de 850 000 habitants, souvent confronté à une instabilité politique et sociale ? 

FM : Le lien entre le foot et la politique est toujours un peu compliqué car on ne veut pas sur-interpréter et que ce n’est pas le football qui va régler tous les problèmes sociétaux au sein de l’Archipel. Mais cette qualification est un vecteur d’union et de bonheur dans le pays. On sait également qu’il y a des tensions entre plusieurs îles du pays, et le fait d’avoir des joueurs de plusieurs îles représentées peut aussi contribuer à cette union, même s’il ne faut pas donner un rôle trop important au football à ce niveau-là. Je pense aussi que d’un point de vue sportif, cette qualification va faire beaucoup de bien à la population et que cet engouement peut aussi amener beaucoup de personnes originaires des Comores à s’intéresser davantage à la sélection. 

Que faut-il attendre de cette sélection pour la CAN ? 

FM : Il ne faut pas aller trop vite, c’est leur première qualification pour le tournoi. Faire un joli parcours et des prestations intéressantes serait déjà très honorable. Tout dépendra aussi du tirage au sort et des adversaires que l’équipe devra affronter. L’équipe peut également se renforcer entre-temps par le biais de joueurs binationaux. On peut rêver de faire la surprise avec de la qualité sur le terrain et un bon état d’esprit comme Madagascar lors de la précédente CAN, mais l’apprentissage sera le maître-mot pour cette équipe des Comores.  

Propos recueillis par Bertrand Bielle

25 mars 2021 by Les Réservistes 0 Comments

Llorente, archétype du joueur moderne

Avant le match de ce soir face à la Grèce, le joueur-clé du leader de Liga peut prétendre à sa seconde sélection avec le Roja (la première remonte au 11 novembre en amical face aux Pays-Bas). Non seulement il mérite indiscutablement sa convocation, mais son profil particulier pourrait même participer au renouveau de l’équipe espagnole tant il est l’essence même du joueur moderne.Focus sur le parcours et la progression d’un joueur ultra-polyvalent et désormais incontournable qui était encore remplaçant chez les Colchoneros la saison dernière.

PROMESSES ET DEBUTS MITIGES

Lorsqu’il arrive à l’Atlético Madrid en 2019, Marcos Llorente a encore beaucoup à prouver. 

 C’est un euphémisme quand un joueur formé à la Castilla signe chez les rivaux Rojiblancos mais c’est d’autant plus vrai que le milieu de terrain défensif n’a alors pas réussi à s’imposer au Real Madrid.

Llorente est formé à la Castilla et fait ses débuts au Real Madrid (Photo : TopMercato.com)

Déjà pas forcément adoré par Zidane lorsqu’il s’occupait des jeunes de la Castilla, Llorente n’est quasiment pas utilisé chez les pros lors de sa première saison en 2015-2016 lorsque l’entraineur français en tient les rênes et doit trouver du temps de jeu ailleurs.

Après son prêt réussi à Alavés lors de la saison 2016-2017, il revient dans son club formateur avec l’envie de prouver et de s’imposer. Mais Zidane, encore pas convaincu, le fait peu jouer. Il va profiter de l’arrivée de Lopetegui pour enfin participer un peu plus à la rotation.

Par la suite, il réussit surtout à convaincre Solari de le faire jouer régulièrement à la place de Casemiro dans son rôle préférentiel de milieu défensif. Le coach argentin (déjà) lui a fait confiance et Llorente ne perd pas une occasion de le remercier comme lors de son interview pour Marca en Novembre dernier : 

 « Je l’ai toujours dit et ça ne changera jamais, Solari a parié sur moi. Il m’a donné des minutes et de la confiance. Je crois avoir gagné tout ça mais lui m’a fait confiance. »

Solari a cru en Llorente et lui a permis de prendre confiance au Real Madrid

Déjà à l’époque, il démontre des qualités intéressantes dans l’anticipation et la qualité de ses transmissions même si on lui reproche parfois son manque d’impact. C’est un pur produit de la formation espagnole, un milieu accrocheur, propre à la relance, mais qui s’efface parfois tant il cherche la sobriété.

Malheureusement pour lui, le coach argentin est licencié en cours de saison et Zidane le remplace. Ce dernier lui donne une fois encore moins de temps de jeu et privilégie ses hommes forts au milieu : Casemiro, Modric et Kroos. Rude concurrence pour un jeune joueur en recherche de continuité.

C’est donc avec un sentiment d’inachevé que Llorente décide de rejoindre l’Atletico pour tenter de s’imposer et continuer à progresser. Les 2 clubs s’entendent sur un transfert qui avoisine tout de même les 40 millions d’euros pour un joueur de 24 ans en lequel Diego Simeone place beaucoup d’espoir. 

ADAPTATION AU CHOLISMO ET PREMIER REPLACEMENT

Comme souvent lorsqu’un joueur arrive dans l’équipe du Cholo, un temps d’adaptation est nécessaire. Marcos Llorente n’échappe pas à la règle et peut observer du banc l’explosion de Thomas Partey à son poste préférentiel de milieu de terrain défensif aux côtés de Koke et Saúl. 

Il signe à l’Atletico Madrid en Juin 2019 pour 40 millions d’euros

Il n’est pas du genre à se laisser abattre et travaille énormément à l’entrainement. Ça n’échappe évidemment pas au coach argentin qui lui donne de plus en plus de temps de jeu mais remarque déjà des capacités lui permettant d’évoluer à d’autres postes, notamment milieu droit dans son 4-4-2 préférentiel. 

Le joueur ne rechigne pas même s’il admet lors d’une interview pour l’EFE que : « C’est vrai que ce n’est pas mon poste, que je n’y suis pas habitué, mais petit à petit je suis en train de m’adapter. Je suis très heureux, ça me permet de joueur plus, de courir plus et j’en suis ravi. »

Voilà qui est Marcos Llorente, un bosseur, un joueur capable de se remettre en question et de se plier aux exigences d’un poste pour répondre à la confiance de son entraîneur. Mais il a aussi les qualités intrinsèques nécessaires à son évolution.

Le joueur espagnol est la définition du joueur complet. Il court vite, démontre qu’il est finalement tout à fait capable d’imposer sa puissance physique et fait preuve d’une aisance technique certaine. Aisance technique qu’il lie à une véritable sérénité, y compris dans le dernier tiers du terrain, lorsque les espaces se réduisent et la pression s’intensifie. 

Simeone le fait pourtant encore peu jouer, ne le titularise qu’à 8 reprises en Liga mais remarque évidemment ses qualités et veut le faire évoluer. Il l’informe après la pause liée au Covid qu’il veut le faire jouer plus haut sur le terrain, en second attaquant, pour profiter de ses qualités.

UN NOUVEAU POSTE POUR LLORENTE ET UN DECLIC

Le 12 mars 2020, huitième de finale retour de Ligue des Champions à Anfield, Llorente débute sur le banc mais entre dès la 56ème minute, en attaque, à la place d’un trop discret Diego Costa. La suite vous la connaissez, il inscrit un doublé et offre une passe décisive lors de la prolongation en qualifiant l’Atletico face aux champions en titre.

 Llorente marque un doublé et offre une passe décisive pour éliminer Liverpool en Champions League

Le coup était préparé et le Cholo peut savourer : 

« Quand les joueurs montrent qu’ils ont certaines qualités, c’est aux entraîneurs d’essayer d’en tirer parti. Nous avons pu voir que Llorente marquait but sur but à l’entraînement et vous devez profiter au maximum de ces opportunités dans le football ».

En cette fin de saison 2019-2020, Llorente participe activement à la belle série d’invincibilité des Colchoneros à ce poste de second attaquant, auquel lui-même ne croyait pas en début de saison. De son côté, Diego Simeone fait encore parler sa légendaire modestie et déclare le 19 juin dernier :

« Ce qui se passe avec Marcos est similaire à quand Griezmann est venu ici. Je l’ai vu comme un deuxième attaquant ou un avant-centre quand tout le monde me disait qu’il n’était qu’un ailier ».

Llorente devient un joueur à la frontière entre faux 9 et numéro 10 capable de conserver le ballon pour faire monter le bloc-équipe, de se placer intelligemment entre les lignes et de participer à la construction du jeu. 

Le joueur se régale, l’Atletico se qualifie pour la Ligue des Champions, une nouvelle saison débute et il doit désormais confirmer.

UN JOUEUR MODERNE INCONTOURNABLE A L’AVENIR RADIEUX

On pensait que cette saison 2020-2021 marquerait donc l’officialisation de ce nouveau rôle de second attaquant/n°10 pour lui. Ce n’est pas le cas. 

Avec le départ (la traitrise) de Thomas Partey, parti pour Arsenal lors du dernier jour du mercato, une place s’est libérée au milieu et Simeone a donc tout le loisir de faire évoluer Llorente où il le souhaite pour profiter de toutes ses qualités. 

S’il semblait un peu fatigué en début de saison et alternait donc entre titularisation et entrées en jeu, il devient progressivement un titulaire indiscutable chez les Rojiblancos. Depuis le 21 octobre, Llorente c’est 35 apparitions pour 32 titularisations et bien malin celui qui peut définir son poste. 

Dans le nouveau 3-5-2 de Diego Simeone, il apparait au milieu, souvent épaulé de Koke et Saul mais se transforme souvent en milieu offensif qui attaque les demi espaces notamment côté droit où il s’entend bien avec des joueurs comme Trippier et Correa. 

 Pourtant, et c’est sûrement pour ça qu’il est devenu indispensable pour le Cholo, son rôle peut évoluer selon le scénario de chaque rencontre. Lorsque l’Atletico pousse, il se retrouve souvent très proche de Luis Suarez et démontre qu’il n’a besoin de personne pour être décisif. Il en est déjà à 9 buts marqués mais aussi à 8 passes décisives, ce qui fait de lui le meilleur passeur de Liga à égalité avec Iago Aspas et… Lionel Messi. 

Llorente s’épanouit à l’Atletico Madrid depuis qu’il a été replacé par Diego Simeone

C’est ce qui définit Llorente et qui fait de lui un joueur si particulier et si précieux dans le football moderne : sa polyvalence. Il n’est pas qu’un milieu récupérateur ou un milieu « box-to-box », il n’est pas qu’un deuxième attaquant, il n’est pas qu’un numéro 10, il n’est pas qu’un milieu droit, il est tout ça à la fois et fait constamment évoluer son rôle pour influer sur le cours des rencontres. 

Quand l’Atletico souffre, il participe activement aux tâches défensives mais dès qu’il sent qu’une ouverture se présente, il est le premier à se projeter vers l’avant et à initier un temps fort de son équipe rien que par son activité.

Il répond d’ailleurs présent quelque soit l’adversaire, qu’il lutte pour le maintien ou soit un concurrent direct pour le titre. Il a d’ailleurs été élu homme de match lors du derby face à son ancien club formateur, le rival madrilène le 7 mars dernier (score final 1-1). 

Zidane a d’ailleurs été interrogé sur son niveau actuel et a répondu : “Ça ne me surprend pas. C’est un joueur de haut niveau qui montre une autre facette qu’il n’avait peut-être pas au Real Madrid. Il joue d’une façon différente. Je savais qu’il avait de la qualité et suis content pour lui.

Joli hommage d’un coach qui lui donnait peu de temps de jeu mais qui reconnait sa fulgurante progression. Une progression basée sur son travail et sa polyvalence et qui doit lui permettre de devenir l’un des meilleurs milieux au monde s’il arrive à maintenir ce niveau sur la durée. 

Le parcours de Marcos Llorente, c’est donc l’histoire d’un milieu défensif parfois trop timide qui a enfin réussi à exprimer son potentiel une fois mis en confiance à un poste différent du sien. Il est aujourd’hui incontournable chez les Colchoneros et se régale dans le rôle de couteau-suisse que Diego Simeone lui a taillé.

A lui maintenant de prouver qu’il peut s’exprimer dans une autre équipe que l’Atletico du Cholo pour convaincre Luis Enrique qu’il mérite sa convocation. Bon courage au coach espagnol pour définir son poste dans une équipe où la concurrence est féroce partout.

Pas de problème pour Llorente, la concurrence il connait.

Toni Molitor

21 mars 2021 by Les Réservistes 0 Comments

Les grands du foot #1 – Niko Kovac

Partie 1 – Qui est Niko Kovac ?

L’AS Monaco, actuel 4e de ligue 1, réalise une très bonne saison qu’elle doit évidemment à son entraîneur, Niko Kovac. Pour comprendre son succès mérité, retour sur son parcours et sur les étapes qu’il a eu à gravir pour devenir le tacticien qu’il est. 

Alors que le prince Albert fait fureur à Monaco et qu’il ne finit pas de combler sa population, Niko Kovac est en train de lui prendre sa place dans le cœur des monégasques tant il est acharné de travail et de rigueur avec l’AS Monaco. Né en Allemagne en 1971, Niko Kovac y a effectué (pratiquement) tout sa carrière de footballeur, mais il a tout de meme souhaité représenter l’équipe nationale croate pour laquelle il a porté le maillot en damier rouge et blanc à 83 reprises pour un total de 14 buts. En tant que coach, l’entraîneur croate dit clairement les choses, sans langue de bois et sans critique des arbitres. Il possède des principes clairs et fondés ainsi qu’une forte personnalité qui a su séduire le club monégasque. Il encadre ses joueurs et les accompagne pour les faire évoluer.  Avec de nombreuses références (entraîneur du Bayern Munich et de la Croatie), il amène de la rigueur et de l’expérience dans un effectif jeune et peu expérimenté.

Après ses passages au Red Bull Salzburg et à la tête de la sélection croate, Niko Kovac s’est révélé à l’Eintracht Francfort. Arrivé alors que le club luttait pour le maintien, il parvient à maintenir le club en Bundesliga aux barrages et initie un renouveau du club. Les deux saisons suivantes, il fait progresser l’équipe (11ème en 2016/17, 8ème la saison suivante) et atteint à chaque fois la finale de la Coupe d’Allemagne, qu’il remporte en 2018 (3-1 contre le Bayern). C’était le premier trophée majeur remporté par le club depuis 1988 ! Dans un football allemand porté vers l’offensive, l’Eintracht Francfort de Niko Kovac se démarque par sa combativité, sa solidité et son pragmatisme. Motivateur et meneur d’homme, il est adoré du vestiaire et sait tirer le meilleur de ses joueurs.

En 2018, il rejoint le Bayern Munich après son triomphe en coupe contre ces mêmes Bavarois . Alors que sa première saison est plutôt satisfaisante sur le plan comptable avec un doublé national (malgré 9 points de retard sur Dortmund à la 15ème journée) ; le niveau de jeu, l’élimination dès les huitièmes de la Ligue des Champions et des déclarations hasardeuses lui valent de vives critiques de la part de nombreux supporters. Son plan de jeu défensif et sa mentalité combative d’outsider ne convenaient pas au Bayern. La saison suivante, il est limogé suite à une qualification à la dernière seconde contre Bochum en coupe d’Allemagne et une défaite sanglante 5-1 à Francfort. 

NIKO KOVAC : UN ENTOURAGE FIDÈLE QUI LE SUIT PARTOUT !

L’ancien entraîneur du Bayern Munich sait s’entourer et Monaco doit en grande partie sa réussite à son staff. Son adjoint et frère, Robert Kovac, s’occupe principalement des tactiques sur coups de pieds arrêtés offensifs et défensifs et c’est une réussite puisque l’ASM a marqué 24 buts dans cet exercice depuis le début de la saison. Ensuite, son deuxième adjoint, Goran Lackovic s’occupe de favoriser l’ascension des nombreux jeunes joueurs présents dans le centre de formation et dans l’équipe première de l’ASM. L’entraîneur des gardiens, Vatroslav Mihacic, est un travailleur qui pousse les gardiens dans leurs retranchements et ne ménage jamais les efforts. Aaron Briggs s’occupe de l’analyse tactique, l’ancien protégé de Pep Guardiola à Manchester City a une connaissance importante du football, et ne manque pas de le rappeler lors des séances d’analyses vidéo avec les joueurs.

Enfin, au niveau athlétique, Walter Gferer prépare les joueurs au très haut niveau avec rigueur et intransigeance. Une personne sur laquelle Niko Kovac compte énormément. Son arrivée au club est l’œuvre de Paul Mitchell, le directeur sportif monégasque. Les deux hommes se complètent et s’entendent parfaitement, notamment lors du recrutement de Kevin Volland, si décisif cette saison. Paul Mitchell déclarait à l’arrivée de Kovac “Il incarne ce dont le club avait besoin, je pense que c’est un très beau mariage pour le club”. Mariage qui devrait continuer tant Niko Kovac satisfait en terre de principauté. 

Jugé comme une erreur de casting par les fans du Bayern Munich, Niko Kovac a su réagir en prouvant qu’il était un coach de renom notamment par le regain de jeu du côté de l’AS Monaco et par ses expériences passées en Allemagne et avec la sélection croate. Le natif de Berlin n’a peut être pas l’ADN des grands clubs, mais il a une capacité à sortir des équipes d’un passage à vide comme il l’a démontré avec l’Eintracht Francfort ou comme il est en train de le prouver avec l’AS Monaco, actuel 4e de Ligue 1. 

David Allali

19 mars 2021 by Les Réservistes 0 Comments

PEPE : UNE DEUXIEME JEUNESSE A PORTO

Revenu en janvier 2019 au FC Porto, Pepe impressionne. Avec ses qualités défensives et son leadership, c’est un joueur indiscutable pour Sergio Conceiçao. À l’image de sa prestation contre la Juventus, Pepe n’a pas fini de surprendre malgré ses 38 ans.

Ce n’était pas le Portugais le plus attendu lors du match retour entre la Juventus et le FC Porto mais c’est pourtant celui qui a le plus brillé avec Sergio Oliveira. Pepe, 38 ans, a grandement contribué à la qualification des Portistas pour les quarts de finale de Ligue des Champions. Le défenseur central et capitaine du FC Porto a réalisé une sacrée partition au Allianz Stadium, éclipsant son ami et compatriote, Cristiano Ronaldo.

Un retour gagnant

Le 6 juin 2017, Pepe annonce sa décision de quitter le Real Madrid : “Il est clair que je ne reste pas. J’ai décidé que je m’en irai quand j’ai vu ce que me proposait le club.” 

Après 10 saisons sous le maillot merengue, 334 matches et de nombreux trophées remportés (3 Ligues des Champions, 3 championnats d’Espagne, 2 coupes du Roi, 2 supercoupes d’Espagne, 2 Mondiaux des clubs et 2 supercoupes de l’UEFA), le défenseur rallie la Turquie et débarque en superstar au Besiktas Istanbul. L’aventure ne dure qu’un an et demi et face aux problèmes financiers du club stambouliote, Porto saute sur l’occasion. Pepe y fait son retour lors du mercato hivernal de 2019, soit 12 ans après avoir quitté le club portugais. 

Le retour de Pepe oblige Sergio Conceiçao à remanier sa défense. Le champion d’Europe 2016 se retrouve associé à Felipe dans l’axe. Eder Militao, auteur d’un excellent début de saison, est repositionné dans le couloir droit. 

Si le FC Porto est devancé par son rival de toujours le Benfica en championnat, ça n’empêche pas le club d’atteindre les 1/4 de finale de Ligue des Champions. Après avoir battu l’AS Rome en 1/8, Porto est éliminé par Liverpool, futur vainqueur de la compétition. A l’été 2019, les départs de Felipe à l’Atlético de Madrid, et d’Eder Militao au Real Madrid, font de Pepe le vrai leader défensif du FC Porto. Élément indispensable aux yeux de Sergio Conceiçao, il participe à 37 matches toutes compétitions confondues lors de la saison 2019/2020. Ainsi, il permet au club de réaliser un triplé historique avec la Liga NOS, la Coupe du Portugal et la Supercoupe.

Une image ternie malgré son talent

Pepe est connu pour ses coups de sang et les exemples sont multiples. Son altercation avec Casquero en Liga où il écope de 10 matches de suspension, son comportement lors des Clasicos sous Mourinho de 2010 à 2013, ses interventions contre Lyon en Ligue des Champions qui lui vaut un rappel à l’ordre d’Alfredo Di Stefano. Sous le maillot du Real Madrid, il est sanctionné de 85 cartons dont 6 rouges.

Pourtant, ses qualités défensives ne sont plus à démontrer. Excellent dans la lecture du jeu, le défenseur portugais est redoutable dans le un-contre-un face à l’attaquant. Dur sur l’homme, Pepe est aussi très performant dans le jeu aérien. Prêt à se sacrifier pour le collectif, c’est aussi un joueur très précieux dans un vestiaire notamment grâce à son leadership. Ce n’est pas pour rien qu’il a été élu meilleur joueur de la finale de l’Euro 2016 face à la France. Élu également meilleur défenseur de la compétition, il a joué un rôle prépondérant dans le premier titre de la Seleçao. International depuis novembre 2007, Pepe comptabilise 113 sélections avec le Portugal. Un total qui devrait prochainement augmenter avec l’Euro cet été.

Pepe sous les couleurs de la Seleçao (Image : MARZ Productions)

Au Real Madrid, tous les entraîneurs qu’il a connus ont pu compter sur lui. Allant de Mourinho à Zidane en passant par Ancelotti, Pellegrini, Benitez ou encore Schuster ou Juande Ramos. Florentino Perez, président du Real Madrid depuis 2009 disait de lui dans MARCA en 2017 : “Pepe est l’un de nos joueurs les plus importants. Il représente très bien la relation entre l’équipe et les supporters. Il est un joueur exemplaire qui se tue pour le Real Madrid. Il donne tout pour le club. De plus, il a tout gagné. Je n’ai que des mots d’admiration et de respect pour Pepe. Je ne peux que montrer mon respect et ma reconnaissance.”

Depuis que Fabio Cannavaro a remporté le Ballon d’Or en 2006, il fait partie des très rares défenseurs, avec Sergio Ramos, Philipp Lahm et Virgil Van Dijk, à avoir été classés dans le Top 10 de la récompense (9e au Ballon d’Or en 2016). 

Une prestation remarquée contre la Juventus

Victorieux 2-1 face à la Juventus lors du match aller, le FC Porto devait livrer une très grande performance au retour pour se qualifier et ainsi créer l’exploit d’éliminer la Juventus de Cristiano Ronaldo. Un exploit qui passait aussi par un très grand match de Pepe. Le défenseur ne s’est pas manqué. Réduits à 10, les hommes de Sergio Conceiçao se sont qualifiés au bout du suspense (3-2 pour la Juventus au match retour, 4-4 sur l’ensemble des deux confrontations). Rendant une excellente copie pendant 120 minutes, Pepe s’est montré intraitable défensivement, auteur d’un magnifique retour sur Chiesa à l’heure de jeu, le défenseur portugais a réalisé de nombreuses interventions devant ses anciens coéquipiers du Real Madrid, Alvaro Morata et Cristiano Ronaldo.

Une prestation qui a enchanté Rio Ferdinand, légende de Manchester United et désormais consultant pour BT Sport : “Si je suis l’entraîneur d’une équipe, je prends la vidéo du match de Pepe et je la montre à tous les jeunes défenseurs centraux pour qu’ils comprennent son positionnement, sa volonté, sa communication, son attention, son sens du risque et l’utilisation de son corps. De nos jours, les jeunes centraux sont bons sur le ballon, mais dans la surface ? Lui, il vient de réaliser une véritable démonstration défensive dans l’espace et tous les jeunes doivent suivre cet exemple.”

Avec un 1/4 de finale de Ligue des Champions qui se profile et un Euro avec une génération portugaise plus que prometteuse, Pepe a encore l’occasion de briller, même à 38 ans. 

Toni Valente et Hugo Juste

Comment et quand sont apparus les premiers supporters ?

Par Bertrand BIELLE

De l’indifférence à l’appartenance, les réservistes vous font découvrir les prémices du supportérisme dans le football. Bienvenue en Angleterre, au XIXe siècle.

Loin de nous l’idée de vous décevoir, mais les premiers supporters l’ont été malgré eux. En Angleterre, les clubs procédaient par affiliation, et recrutaient des « membres ». Faute de place sur le terrain, ils ne pouvaient pas tous participer à chacune des rencontres. Pour des questions d’effectif, de talent, de blessure ou d’âge, la plupart d’entre eux étaient contraints d’observer le match depuis les tribunes. D’un regard un peu désabusé, ils regardèrent ainsi les matches sans véritablement manifester leur enthousiasme.

Les « spectateurs »

Les stades n’étaient donc pas le théâtre d’ambiances folles, comme c’est le cas aujourd’hui partout dans le monde, que ce soit à Liverpool ou à Istanbul, en passant par Buenos Aires. Mais ils n’étaient pas pour autant vides, puisque les amis et les proches des membres du clubs s’invitèrent au stade pour partager un moment convivial. Ils devinrent ainsi à leur tour supporters par association. Ils furent suivis par les locaux, pas nécessairement liés au club, mais attirés par le spectacle dont ils avaient entendu parler dans le quartier. La plupart des membres étaient plutôt jeunes et profitaient de leur temps libre du samedi après-midi pour venir au stade. Le samedi midi qui, encore aujourd’hui, est synonyme de jour de match (Game Day) en Angleterre.

Association Game (1888)

Les stades se remplissent, mais les spectateurs ne s’identifient pas encore aux clubs. En 1863, Forest et Barnes, deux des clubs fondateurs de la fédération anglaise, se sont affrontés au terme d’une rencontre, où il n’y eut, au sein du public, aucun signe de parti pris en faveur de l’une ou l’autre équipe. La partie aurait seulement suscitée « de vifs applaudissements de la part des spectateurs » en faveur des deux équipes d’après le journal The Bell’s Life.

L’appartenance à une communauté

Entre les années 1870 et 1880, plusieurs très grands clubs d’aujourd’hui sont créés en Angleterre. Et à l’image de Manchester United, fondé par des ouvriers du dépôt ferroviaire du Lancashire et Manchester City,e club établi en 1880 par des membres d’une église de West Gorton, les instituions sont créés par des communautés. La communauté ouvrière est très représentée, et valorisée pour sa virilité, sa loyauté et sa fidélité envers le club qu’elle soutient. Les clubs britanniques sont pour la plupart les « produits de la sociabilité ouvrières et de la culture masculine dans la rue » peut-on lire dans « Supporters et Hooligans en Grande-Bretagne depuis 1871 » de Patrick Mignon. Ces clubs sont nés dans de petites agglomérations (souvent des quartiers comme Arsenal) autour des entreprises, des usines et des églises. 

“Sunderland v. Aston Villa 1895”, de Thomas M.M. Henry (1895)

La sympathie d’autrefois des spectateurs se mue alors en ferveur. L’affiliation à un club permet désormais à ceux qu’on nomme les « supporters » de découvrir un enjeu au-delà du jeu. Non seulement ils ressentent dorénavant une fierté et une satisfaction personnelle lorsque leur équipe gagne, mais ils commencent aussi à progressivement installer une compétition et une hostilité sportive entre leurs clubs voisins.

La naissance des rivalités

Le football d’avant pré-1914 est organisé sur une base régionale, et une rivalité entre les différentes communautés ouvrières d’une région. Le derby de l’Est du Lancashire entre Burnley et Blackburn est l’une des rivalités historiques les plus fortes du pays à l’époque, et encore aujourd ‘hui. Une véritable « compétition industrielle entre les filatures de coton de la ville » comme l’explique le site « les cahiers du football ». Les deux équipes s’affrontèrent à treize reprises entre 1879 et 1888, date de la naissance du Championnat professionnel d’Angleterre.

En 1890, une rencontre entre les deux rivaux marquera les mémoires et sera baptisée « L’émeute de Burnley ». Très impliqués, les supporters de Burnley n’acceptèrent guère une décision arbitrale de l’arbitre et envahirent par milliers la pelouse. En allant jusqu’à pourchasser l’arbitre dans la tribune, à l’extérieur du stade et même dans une demeure voisine. Un incident qui marqua le début d’une réputation galvaudé des supporters, qu’on surnommera plus tard pour certains les « Hooligans »

Entretien avec Mickaël Correia

Depuis toujours les hommes tapent dans le ballon, que ce soit dans les anciens empires chinois, dans les civilisations aztèques ou même dans l’Empire de Rome. 

Au cours du Moyen-Âge, d’autres ancêtres du football moderne se pratiquaient. Ces parties étaient notamment jouées les mardis gras, en opposant deux communautés distinctes (mariés contre célibataires par exemple). Ces jeux étaient surtout populaires dans les régions de l’ouest de la France, et en Grande-Bretagne. J’appellerais ça un “proto-football”. On assistait à des parties très violentes dans lesquelles des yeux étaient crevés et des jambes cassées. Les parties se jouaient à travers champs, durant des heures et sans règles bien définies. 

Avec les débuts du capitalisme au XVIIème siècle, la bourgeoisie privatise peu à peu les terres agricoles. Les jeux de ballon vont alors peu à peu disparaître, faute de lieux disponibles pour le pratiquer. 

A partir du XIXème siècle, des écoles prestigieuses britanniques vont remettre ce sport antique au goût du jour. De nombreux autres sports ont pour berceau la Grande- Bretagne, et sont popularisés à la même époque, à l’instar du tennis ou du rugby. Après avoir été codifié en 1863 par d’anciens élèves de ces écoles, le football va parvenir à s’exporter dans le monde industriel. Il y est introduit par le corps patronnal, qui voit en celui-ci un bon moyen d’inculquer des valeurs essentielles à leurs ouvriers. Obéissance, culture du chef ou encore division industrielle sont aussi importantes dans le football que dans l’industrie. La Révolution Industrielle, poussée par un captalisme émergent, va 

donc permettre l’essor global du football moderne en Angleterre. 

D’une certaine façon, je dirais que le capitalisme a d’abord fait disparaître le football, avant de le réintroduire d’une manière plus standardisée. 

La “semaine anglaise” va être l’un des moteurs de l’émergence du football moderne. Celle-ci permet aux ouvriers d’être libres le samedi après-midi, et donc de se livrer à de nouvelles occupations. Par crainte que pendant ces périodes, les joueurs ne se syndicalisent ou ne s’alcoolisent au pub, le patronnat va avoir une raison de plus de prôner la pratique du football auprès du prolétariat. En à peine trente ans, il prend une place centrale dans la vie des ouvriers. Bien que l’aristocratie britannique aie réintroduit cette pratique, elle va finalement en être dépossédée au profit du ouvrier. Le ballon rond a une importance telle dans l’industrie, que des ouvriers sont recrutés dans certaines entreprises grâce à leurs capacités footballistiques. 

Le football moderne va aussi être un moyen de confrontation, opposant notamment classes populaires et aristocratie. 

Interview

Comment les premiers championnats se sont-ils mis en place? 

En Angleterre, la mise en place du premier championnat a été le fruit d’une lutte entre deux camps. D’abord, celui des tenants de l’amateurisme: l’aristocratie, pour laquelle le football devait rester un loisir et un spectacle délié de tout enjeu lucratif. L’autre camp est celui des tenants du professionalisme (secteur industriel) pour qui le football représente une opportunité de gains financiers considérables. La Football Association est initialement réticente à la création d’un championnat, car celle-ci ne veut pas que le football soit lié à tout enjeu financier. Pourtant, l’argent est au coeur de la création du premier championnat d’Angleterre dans les années 1880, poussé par l’abnégation du patronnat industriel. 

En France, la même opposition est visible, et les clubs détenus par de grandes industries tels que Le Havre, Saint-Etienne ou encore Sochaux menacent d’une cission avec la Fédération Française de Football. Cette mise sous pression de la FFF va aboutir à la création du premier championnat de France. De tous temps, et dans toutes les régions touchées par le football, la course au rendement et au profit a été le moteur du développement de ce sport, parfois au détriment de l’aspect sportif. 

Par quels procédés le football s’est-il diffusé aussi largement et rapidement à travers le monde? 

Il est vrai que le football s’est développé très rapidement. En une trentaine d’années à peine, tous les continents étaient concernés par cette pratique sportive. Cette diffusion doit notamment son ampleur au réseau anglais découlant du vaste empire britannique. Ceux-ci sont présent partout sur le globe par leurs colonies. 

Le football s’est ainsi grandement développé dans les grands ports mondiaux. Les marins et commerçants britanniques voyageant beaucoup, ils ont par leurs traversées exporté le football à travers le monde. En Amérique du Sud, les premières équipes d’Uruguay et d’Argentine sont notamment créés par ce biais. En Europe, on observe à peu près le même phénomène: Au Havre en France, à Gênes en Italie, à Bilbao en Espagne ou encore à Rotterdam aux Pays-Bas. 

Un autre secteur a également marqué la diffusion du football de manière significative, c’est le secteur de la construction de chemins de fer. Les entreprises britanniques étaient en effet chargées de la construction de ces voiries dans certains pays étrangers, comme l’Uruguay ou l’Egypte, favorisant l’implantation du football dans ces pays. 

En dehors du secteur industriel, le football doit également son expansion aux étudiants étrangers des prestigieuses écoles anglaises. Ces élites, une fois leur formation en Angleterre terminée, rentraient dans leurs pays respectifs, emportant avec eux la culture du football. Ils ramenaient le ballon au pays. C’est de cette façon que le football s’exporte à São Paulo au Brésil, à Cascais au Portugal ou encore à Paris. 

C’est moins structurel, mais les lois du football très simples à assimiler et le peu de moyens nécessaires à sa pratique ont largement participé de la diffusion du ballon rond dans la monde. 

Avant la création des premières instances du football international, comment s’organisaient les premières rencontres internationales, et qui opposaient-elles? 

Les premiers matchs internationaux se jouaient surtout entre pays voisins. Ces parties opposaient des aristocrates des pays concernés. Il n’y avait pas de système de sélection, et l’organisation se faisait principalement entre les joueurs directement. Les rivalités, britanniques notamment, étaient le moteur de l’organisation de ces rencontres (entre le Pays de Galles, l’Angleterre et l’Ecosse par exemple). Sur le continent, la proximité était également un facteur clé de l’organisation de ces matches internationaux. 

Les liens d’amitiés historiques permettent aussi de mettre en place une part importante de ces premiers matches, entre la France et l’Angleterre par exemple. Avant la mise en place de la FIFA en 1904 puis d’autres grandes instances du fotball, les matches internationaux se jouaient avec des moyens très modestes. Au départ, il n’y avait donc que des matches amicaux. 

Au début du XXème siècle, le football se répand largement en Europe et dans le monde, mais où est-ce que la ferveur des supporters était- elle à son comble? 

Déjà à la fin du XIXème siècle, on assistait à des faits marquant en Angleterre. Au début des années 1920, on dénombre par exemple plus de 200 000 spectateurs lors d’une finale de coupe d’Angleterre. 

Je dirais que l’engouement des supporters a surtout évolué dans l’entre-deux-guerres, mais je ne pense pas que l’on puisse parler de ferveur comme on l’entend aujourd’hui. En Angleterre, on assistait aux rencontres en famille, et le stade était un haut lieu de la sociabilité ouvrière. 

C’est la période aussi durant laquelle les premières associations de supporters se créent en Angleterre, dans le nord de l’Italie, ou même en Amérique du Sud. Mais ces associations sont, à ce moment là, surtout des lieux de rencontre et de partage, permettant de réunir tous les premiers “tifosi”. 

Le football a aussi été un outil de propagande. En Russie, il était utilisé pour mettre en valeur les personnalités politiques du pays. C’était un moyen de mettre en scène le pouvoir. 

Dans le même temps, comme je le raconte dans mon livre, le stade était également un merveilleux outil de résistance. L’anonymat des foules permettait d’échapper au regard des différentes polices politiques, et de se retrouver avec d’autres résistants. Dans un régime dans lequel une réunion de plus de trois personnes dans une même pièce était suspecte et passible de sanctions, le stade représentait un moyen de s’y soustraire. Il existait aussi de nombreux gestes symboliques dans les stades. Huer le Dynamo Moscou représentait une critique ouverte au régime stalinien. Supporter le Spartak Moscou était au contraire une manière de soutenir le peuple. En Espagne, supporter le FC Barcelone était vu comme un pied de nez au régime de Franco, alors que le Real Madrid était vu comme le club étatique. Il y avait différentes manières de s’opposer aux régimes totalitaires d’une façon masquée. Le stade était une tribune politique. 

On ne peut pas réellement parler de ferveur au début, mais plutôt d’engouement autour de ce sport, surtout pour les combats politiques qu’il permettait de mener. La culture du supporter est réellement apparue à partir des années 1950. 

Dans votre livre “Une Histoire Populaire du Football”, vous liez avec beaucoup de pertinence ballon rond et régimes totalitaires de la Seconde Guerre Mondiale. Avez-vous un lien à faire entre ces deux thématiques dans d’autres pays, ou à d’autres époques? 

De tous temps et dans tous les régimes totalitaires, on a vu des résistances footballistiques s’opposer aux dirigeants. 

Certains clubs étaient pleinement impliqués dans cette lutte. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, des joueurs de l’Ajax Amsterdam ont lutté face au nazisme, en organisant un réseau de sauvetage de juifs aux Pays-Bas. En Norvège aussi la fédération va lancer une campagne de boycott des matches sous l’autorité nazie. 

Dans les années 1980 aussi le football est un lieu principal de contestation face aux régimes totalitaires. Pour moi, Socrates au Brésil est le symbole même de cette lutte. Son club, celui des Corinthians, avait mis en place dès le début des années 1980 des 

pratiques démocratiques d’autogestion qui furent révolutionnaires dans ce pays. Cela a été un geste très important au Brésil, là où le football est une véritable religion. Le peuple a vu le club des Corinthians comme un “laboratoire de la démocratie”, qui avait la sympathie d’une grande partie de celui-ci. Son succès était d’autant plus établi que le club rayonnait sur la scène régionale et nationale. Ces pratiques ont finalement abouti en 1985 à la chute de la dictature, avec comme têtes d’affiches lors des manifestations qui la précédèrent les joueurs des Corinthians. Encore aujourd’hui, le groupe des Corinthians a été l’un des rares groupes organisés et établis à appeler à ne pas voter pour Bolsonaro. Il existe dans ce club une réelle culture démocratique. 

En Algérie aussi, la contestation face au régime de Bouteflika est partie des stades. Dès les premières manifestations en février 2019, les groupes de supporters sont les premiers collectifs organisés à y participer. L’hymne de ces manifestations est d’ailleurs issu d’un chant de supporters. 
Au Chili aussi, les supporters du Colo Colo ou de la Universidad de Chile sont en tête des manifestations d’opposition au régime. 

Le football a toujours été le creuset des résistances face aux régimes autoritaires. 

Pourquoi faut-il lire “Une Histoire Populaire du Football”? 

L’histoire du football que l’on connaît tous nous est dictée par les institutions du football. On nous parle des clubs et des joueurs de légende, de Pelé à M’Bappé. Ce discours est toujours le même, et ne parle du football que comme un sport, sans le lier au domaine politique par exemple. Cette histoire est avant tout là pour servir le football en tant qu’industrie. Dans ce livre, j’ai voulu écrire une autre histoire de ce sport. Une 

histoire plus authentique, écrite par les supporters, les joueurs, et par les gens qui aiment le football d’une manière plus générale. L’intérêt de ce livre est de découvrir une autre histoire qui à la fois cachée et que l’on connaît tous, car c’est la nôtre. 

Mon livre est là pour retranscrire cette histoire populaire du football, allant à contresens de son histoire plus institutionnelle. 

Entretien réalisé par Amaury Goncalves pour Les Réservistes