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29 mars 2021 by Les Réservistes 0 Comments

Pays-Bas et Belgique : la réunion des championnats ?

Le 16 mars dernier, la Ligue professionnelle belge de football a annoncé son vote à l’unanimité en faveur d’une fusion entre son championnat, la Jupiler League, et celui des Pays-Bas, l’Eredivisie. La Ligue de Football néerlandaise ne s’est pas encore prononcée à ce sujet. L’objectif : rendre ces deux championnats plus attractifs et les (re)mettre sur le devant de la scène européenne. En effet, les Pays-Bas et la Belgique ont un lien fort avec la coupe d’Europe. 

Pays-Bas et Belgique : À la recherche d’un passé glorieux

8 mai 2002. Devant les 45 000 spectateurs du stade De Kuip de Rotterdam, le Feyenoord remporte la coupe de l’UEFA face au Borussia Dortmund (3-2). Une deuxième victoire dans cette compétition après celle de 1974, à laquelle s’ajoute une victoire en Coupe d’Europe des clubs Champions, l’ancêtre de la Ligue des Champions, en 1970. 

Et depuis, plus rien. 21 ans qu’aucun club néerlandais n’a plus soulevé une coupe d’Europe. Hormis les demi-finales de Ligue des Champions en 2005 pour le PSV Eindhoven et en 2019 pour l’Ajax Amsterdam et une finale de Ligue Europa en 2017, toujours pour le club ajacide, le bilan récent des clubs néerlandais sur la scène européenne est assez maigre. Un revers de médaille assez dur pour un pays qui compte 3 clubs vainqueurs de la Ligue des Champions, l’Ajax Amsterdam, le PSV Eindhoven et le Feyenoord Rotterdam pour un total de 6 victoires à eux trois dans la plus prestigieuse des compétitions européennes.

Si la Belgique a moins brillé en Ligue des Champions que son voisin, elle dispose d’une histoire très riche avec les Coupes d’Europe . En effet, le football belge en Europe a connu une période faste, entre 1976 et 1990. Durant cette période, les clubs belges disputent 10 finales de Coupe d’Europe (C1, C2 et C3 confondus). L’illustre club bruxellois d’Anderlecht écrit son histoire européenne.  Le club remporte 2 fois la Coupe des Coupes en 1976 et 1978 et la Coupe UEFA en 1983. Le Club Bruges sera plus malheureux. Défaite en finale de la Coupe UEFA en 1976, et défaite en finale de Ligue des Champions en 1978, à chaque fois contre Liverpool. Le FC Malines, club modeste, va surprendre son monde, en remportant la Coupe des Coupes en 1988. Même si la Belgique ne compte aucune victoire en C1 pour une seule finale, le plat pays a remporté plus de Coupe d’Europe que la France. 

Un passé glorieux pour ces deux pays, mais plus qu’un lointain souvenir nostalgique désormais. 

La « BeNeLeague », une meilleure compétitivité ? 

Après la validation de ce projet par les 25 clubs professionnels belges en assemblée générale, la fusion Pays-Bas- Belgique devient une ambition plus que concrète. Dans les cartons depuis plus de 20 ans, cette initiative a pris un gros coup d’accélérateur ces derniers jours. 

Avec deux championnats qui ont perdu de leur superbe d’antan, l’objectif est de créer un championnat plus compétitif. De fil en anguille, une plus forte compétitivité entraîne une plus grande attractivité et donc des revenus liés au droits TV plus importants. 

« Cette volonté est basée à la fois sur le respect des ambitions sportives des plus grands clubs et sur la nécessité d’assurer une stabilité financière pour tous les clubs » a déclaré la Ligue belge. Cette dernière espère la création de la “BeNeLeague” pour 2025. 18 clubs seraient engagés dont les 5 « grands » de Belgique (Anderlecht, le Standard de Liège, Genk, La Gantoise et le Club Bruges), accompagné des prestigieux clubs bataves de l’Ajax, le PSV Eindhoven, le Feyenoord Rotterdam, l’AZ Alkmaar, le FC Utrecht et le Vitesse Arnhem. Un plateau plutôt alléchant jusque-là.

Réactions ambivalentes

La Belgique accueille plutôt favorablement cette nouvelle initiative, les clubs professionnels ayant voté « oui » à l’unanimité. L’ancien capitaine des Diables Rouges, Vincent Kompany a, par le passé, manifesté son envie de voir ce championnat être établi. Un an auparavant, Robin Van Persie s’était montré favorable à la BeNeLeague, « Je suis favorable à une BeNe League. Tout le monde veut jouer le plus de matchs possibles au plus haut niveau. C’est ce qui rend l’équipe meilleure. Les grosses équipes néerlandaises affrontent parfois des équipes assez faibles à domicile. Il y a chaque saison des matches comme ça. Pourquoi ne pas remplacer ces équipes par des cadors belges comme Anderlecht, La Gantoise ou Genk ? Ce serait bien pour les deux championnats. Les deux pays sont proches, les équipes n’auraient pas de longs voyages ».

 Le sélectionneur de l’équipe de Belgique, Roberto Martinez reste prudent : « Nous devons examiner tout ce qui pourrait aider la Pro League. La BeNeLeague aurait de réels avantages, mais elle pourrait aussi avoir quelques inconvénients. Maintenant, il s’agit donc d’évaluer les différentes possibilités et essayer de voir comment cela sera mis en place. Je pense qu’avoir les meilleures équipes de Belgique et les meilleures équipes des Pays-Bas ne peut être que positif. » a-t ’-il déclaré au micro de la RTBF. Le coach espagnol estime que cette solution peut être bénéfique pour les jeunes joueurs du championnat belge « Les jeunes ne ressentiraient pas le besoin de partir à l’étranger trop tôt. Je pense que nous pourrions leur donner un peu plus de temps. On pourrait également mieux préparer les joueurs mentalement, physiquement, techniquement et tactiquement ». 

Toutefois, cette éventualité ne fait pas totalement l’unanimité, notamment aux Pays-Bas. En effet, les anti-BeNeLeague estiment que l’identité des deux championnats et les traditions qui les entourent seraient complètement bafouées. En mars 2020, Matthijs Keuning le président de Supporterscollectief Nederland avait publié ceci dans un communiqué : 

« Notre culture du football est jetée par-dessus bord dans une telle fusion. L’Eredvisie a l’image d’un championnat avec un football attractif et de bons joueurs. (…) Nous ne comprenons vraiment pas qu’on puisse jeter cette image par-dessus bord en fusionnant avec la Belgique, où la compétition a une image différente à cause de la corruption et à d’autres choses folles. (…) Aux Pays-Bas, il est déjà très difficile d’obtenir l’accord de tous les clubs et ce le sera encore plus si deux pays doivent s’entendre. Notre conclusion : nous n’en voulons pas. Si l’objectif est d’améliorer la qualité du football, il existe de nombreux autres moyens. (…) Nous n’avons vraiment pas besoin de clubs belges pour accroître la résistance. Le football néerlandais en tant que marque est beaucoup plus fort que le belge. » 

Même en Belgique, de nombreuses interrogations subsistent : Quelles équipes seront reléguées en fin de saison ? Les dernières du classement, peu importe leur nationalité, ou bien la moins bonne équipe belge et la moins bonne néerlandaise ? De même pour les qualifications en coupe d’Europe : les premières équipes au classement de la BeNeLeague seraient-elles qualifiées, ou bien les places seraient distribuées aux clubs belges et néerlandais les mieux classés pour que les deux pays soient représentés sur la scène continentale ?

En outre, les instances dirigeantes du football pourraient être un frein au développement de la BeNeLeague. L’UEFA s’y oppose en interdisant les fusions. En 2016, lors de sa nomination en tant que président de l’UEFA, Aleksandr Čeferin avait d’ailleurs déclaré qu’il considérait que les nouvelles compétitions transfrontalières devraient s’ajouter au calendrier, et non pas remplacer les compétitions nationales. 

La faisabilité de la BeNeleague est donc à étudier. Il reste encore à savoir la réponse des clubs néerlandais, qui devrait être rendue publique dans les prochains jours. La création d’un tel championnat serait une petite révolution dans le football et d’autres nations pourraient emboîter le pas comme la Suisse et l’Autriche ou encore les Pays Balkans et scandinaves. 

Sacha AICHE