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27 mars 2021 by Les Réservistes 0 Comments

Fayad Moindjie : « La qualification des Comores est un vecteur d’union et de bonheur dans le pays »

L’archipel des Comores a décroché une première qualification historique pour la Coupe d’Afrique des Nations grâce à son match nul face au Togo, jeudi 25 mars à Moroni (0-0). Une performance inédite, suivie avec attention par notre chroniqueur Fayad Moindjie. Entretien. 

Fayad, tu es originaire et supporter des Comores, quels sentiments ressens-tu après cette qualification historique ? 

Fayad Moindjie : Beaucoup de bonheur, forcément. C’est un pays passionné par le football. Il y a peu de moyen là-bas, et voir le pays être enfin représenté au plus haut niveau africain, c’est une immense fierté. C’est aussi une qualification que l’on attendait depuis longtemps, même si l’intégration de l’équipe dans le classement FIFA est assez récente (2005, premier match officiel en 2006) et que la dernière fois que la sélection a failli accéder à la Can, c’était il n’y a pas très longtemps non plus (édition 2019). 

Pour Youssouf M’Changama, milieu de terrain de la sélection, « Cette qualification ne tombe pas du ciel ». Es-tu d’accord avec son analyse ? 

FM : Oui, il a raison. C’est un travail de longue haleine. En 2019, l’équipe n’était pas loin de se qualifier dans une poule relevée, avec le Cameroun et le Maroc. Il y avait déjà des choses très intéressantes. La défaite contre le Maroc se décide dans les derniers instants du match (match nul au match aller) et il y a aussi un match nul obtenu contre le Cameroun (2018) qui était très prometteur. On sentait qu’il y avait un style qui était en train de se mettre en place et que l’équipe était en pleine progression. Ces efforts-là portent leurs fruits aujourd’hui et viennent récompenser la sélection.

On dit d’Amir Abdou qu’il a changé le visage de cette sélection à son arrivée en 2014. Est-ce également ton ressenti ?

FM : Oui. Il a une histoire assez spéciale Amir Abdou. Il devait être adjoint d’Henri Stambouli, qui a décliné l’offre de sélectionneur des Comores au dernier moment pour prendre les rênes du centre de formation de Montpellier. C’est donc Amir Abdou qui a pris le poste en 2014. Beaucoup de gens avaient des doutes sur ses compétences car il n’avait entraîné qu’au niveau amateur. Et finalement, il s’est avéré être l’homme de la situation. Il a eu un rôle à la fois au niveau de l’équipe et au niveau de la direction sportive. Il a bâti un groupe et convaincu les binationaux de se joindre à ce projet. Les travaux qu’il a entrevus sont vraiment immenses, que ce soit en termes de places grattées au classement FIFA ou de moments historiques comme les matchs nuls face au Ghana (2015) et le Maroc (2018). 

D’un point de vue purement footballistique, quels progrès constatent-tu depuis sa prise de fonction ? 

FM : L’équipe a progressé à tous les niveaux. Le fait d’avoir des joueurs professionnels et des binationaux qui évoluent dans des championnats intéressants, cela a permis à l’équipe de passer un cap et de se professionnaliser. C’est notamment une équipe très cohérente d’un point de vue tactique. 

Quel impact une performance comme celle-ci peut-elle avoir sur un pays de 850 000 habitants, souvent confronté à une instabilité politique et sociale ? 

FM : Le lien entre le foot et la politique est toujours un peu compliqué car on ne veut pas sur-interpréter et que ce n’est pas le football qui va régler tous les problèmes sociétaux au sein de l’Archipel. Mais cette qualification est un vecteur d’union et de bonheur dans le pays. On sait également qu’il y a des tensions entre plusieurs îles du pays, et le fait d’avoir des joueurs de plusieurs îles représentées peut aussi contribuer à cette union, même s’il ne faut pas donner un rôle trop important au football à ce niveau-là. Je pense aussi que d’un point de vue sportif, cette qualification va faire beaucoup de bien à la population et que cet engouement peut aussi amener beaucoup de personnes originaires des Comores à s’intéresser davantage à la sélection. 

Que faut-il attendre de cette sélection pour la CAN ? 

FM : Il ne faut pas aller trop vite, c’est leur première qualification pour le tournoi. Faire un joli parcours et des prestations intéressantes serait déjà très honorable. Tout dépendra aussi du tirage au sort et des adversaires que l’équipe devra affronter. L’équipe peut également se renforcer entre-temps par le biais de joueurs binationaux. On peut rêver de faire la surprise avec de la qualité sur le terrain et un bon état d’esprit comme Madagascar lors de la précédente CAN, mais l’apprentissage sera le maître-mot pour cette équipe des Comores.  

Propos recueillis par Bertrand Bielle