En direct du dimanche au jeudi de 23H55 à 1:30
Nous écrire:
Contact@lesreservistes.com
Nous contacter par Messenger :
Les Réservistes
Dim - Lun: 23.30 - 1.30
Mar - Jeu: 23.55 - 1.55
25 mars 2021 by Les Réservistes 0 Comments

Llorente, archétype du joueur moderne

Avant le match de ce soir face à la Grèce, le joueur-clé du leader de Liga peut prétendre à sa seconde sélection avec le Roja (la première remonte au 11 novembre en amical face aux Pays-Bas). Non seulement il mérite indiscutablement sa convocation, mais son profil particulier pourrait même participer au renouveau de l’équipe espagnole tant il est l’essence même du joueur moderne.Focus sur le parcours et la progression d’un joueur ultra-polyvalent et désormais incontournable qui était encore remplaçant chez les Colchoneros la saison dernière.

PROMESSES ET DEBUTS MITIGES

Lorsqu’il arrive à l’Atlético Madrid en 2019, Marcos Llorente a encore beaucoup à prouver. 

 C’est un euphémisme quand un joueur formé à la Castilla signe chez les rivaux Rojiblancos mais c’est d’autant plus vrai que le milieu de terrain défensif n’a alors pas réussi à s’imposer au Real Madrid.

Llorente est formé à la Castilla et fait ses débuts au Real Madrid (Photo : TopMercato.com)

Déjà pas forcément adoré par Zidane lorsqu’il s’occupait des jeunes de la Castilla, Llorente n’est quasiment pas utilisé chez les pros lors de sa première saison en 2015-2016 lorsque l’entraineur français en tient les rênes et doit trouver du temps de jeu ailleurs.

Après son prêt réussi à Alavés lors de la saison 2016-2017, il revient dans son club formateur avec l’envie de prouver et de s’imposer. Mais Zidane, encore pas convaincu, le fait peu jouer. Il va profiter de l’arrivée de Lopetegui pour enfin participer un peu plus à la rotation.

Par la suite, il réussit surtout à convaincre Solari de le faire jouer régulièrement à la place de Casemiro dans son rôle préférentiel de milieu défensif. Le coach argentin (déjà) lui a fait confiance et Llorente ne perd pas une occasion de le remercier comme lors de son interview pour Marca en Novembre dernier : 

 « Je l’ai toujours dit et ça ne changera jamais, Solari a parié sur moi. Il m’a donné des minutes et de la confiance. Je crois avoir gagné tout ça mais lui m’a fait confiance. »

Solari a cru en Llorente et lui a permis de prendre confiance au Real Madrid

Déjà à l’époque, il démontre des qualités intéressantes dans l’anticipation et la qualité de ses transmissions même si on lui reproche parfois son manque d’impact. C’est un pur produit de la formation espagnole, un milieu accrocheur, propre à la relance, mais qui s’efface parfois tant il cherche la sobriété.

Malheureusement pour lui, le coach argentin est licencié en cours de saison et Zidane le remplace. Ce dernier lui donne une fois encore moins de temps de jeu et privilégie ses hommes forts au milieu : Casemiro, Modric et Kroos. Rude concurrence pour un jeune joueur en recherche de continuité.

C’est donc avec un sentiment d’inachevé que Llorente décide de rejoindre l’Atletico pour tenter de s’imposer et continuer à progresser. Les 2 clubs s’entendent sur un transfert qui avoisine tout de même les 40 millions d’euros pour un joueur de 24 ans en lequel Diego Simeone place beaucoup d’espoir. 

ADAPTATION AU CHOLISMO ET PREMIER REPLACEMENT

Comme souvent lorsqu’un joueur arrive dans l’équipe du Cholo, un temps d’adaptation est nécessaire. Marcos Llorente n’échappe pas à la règle et peut observer du banc l’explosion de Thomas Partey à son poste préférentiel de milieu de terrain défensif aux côtés de Koke et Saúl. 

Il signe à l’Atletico Madrid en Juin 2019 pour 40 millions d’euros

Il n’est pas du genre à se laisser abattre et travaille énormément à l’entrainement. Ça n’échappe évidemment pas au coach argentin qui lui donne de plus en plus de temps de jeu mais remarque déjà des capacités lui permettant d’évoluer à d’autres postes, notamment milieu droit dans son 4-4-2 préférentiel. 

Le joueur ne rechigne pas même s’il admet lors d’une interview pour l’EFE que : « C’est vrai que ce n’est pas mon poste, que je n’y suis pas habitué, mais petit à petit je suis en train de m’adapter. Je suis très heureux, ça me permet de joueur plus, de courir plus et j’en suis ravi. »

Voilà qui est Marcos Llorente, un bosseur, un joueur capable de se remettre en question et de se plier aux exigences d’un poste pour répondre à la confiance de son entraîneur. Mais il a aussi les qualités intrinsèques nécessaires à son évolution.

Le joueur espagnol est la définition du joueur complet. Il court vite, démontre qu’il est finalement tout à fait capable d’imposer sa puissance physique et fait preuve d’une aisance technique certaine. Aisance technique qu’il lie à une véritable sérénité, y compris dans le dernier tiers du terrain, lorsque les espaces se réduisent et la pression s’intensifie. 

Simeone le fait pourtant encore peu jouer, ne le titularise qu’à 8 reprises en Liga mais remarque évidemment ses qualités et veut le faire évoluer. Il l’informe après la pause liée au Covid qu’il veut le faire jouer plus haut sur le terrain, en second attaquant, pour profiter de ses qualités.

UN NOUVEAU POSTE POUR LLORENTE ET UN DECLIC

Le 12 mars 2020, huitième de finale retour de Ligue des Champions à Anfield, Llorente débute sur le banc mais entre dès la 56ème minute, en attaque, à la place d’un trop discret Diego Costa. La suite vous la connaissez, il inscrit un doublé et offre une passe décisive lors de la prolongation en qualifiant l’Atletico face aux champions en titre.

 Llorente marque un doublé et offre une passe décisive pour éliminer Liverpool en Champions League

Le coup était préparé et le Cholo peut savourer : 

« Quand les joueurs montrent qu’ils ont certaines qualités, c’est aux entraîneurs d’essayer d’en tirer parti. Nous avons pu voir que Llorente marquait but sur but à l’entraînement et vous devez profiter au maximum de ces opportunités dans le football ».

En cette fin de saison 2019-2020, Llorente participe activement à la belle série d’invincibilité des Colchoneros à ce poste de second attaquant, auquel lui-même ne croyait pas en début de saison. De son côté, Diego Simeone fait encore parler sa légendaire modestie et déclare le 19 juin dernier :

« Ce qui se passe avec Marcos est similaire à quand Griezmann est venu ici. Je l’ai vu comme un deuxième attaquant ou un avant-centre quand tout le monde me disait qu’il n’était qu’un ailier ».

Llorente devient un joueur à la frontière entre faux 9 et numéro 10 capable de conserver le ballon pour faire monter le bloc-équipe, de se placer intelligemment entre les lignes et de participer à la construction du jeu. 

Le joueur se régale, l’Atletico se qualifie pour la Ligue des Champions, une nouvelle saison débute et il doit désormais confirmer.

UN JOUEUR MODERNE INCONTOURNABLE A L’AVENIR RADIEUX

On pensait que cette saison 2020-2021 marquerait donc l’officialisation de ce nouveau rôle de second attaquant/n°10 pour lui. Ce n’est pas le cas. 

Avec le départ (la traitrise) de Thomas Partey, parti pour Arsenal lors du dernier jour du mercato, une place s’est libérée au milieu et Simeone a donc tout le loisir de faire évoluer Llorente où il le souhaite pour profiter de toutes ses qualités. 

S’il semblait un peu fatigué en début de saison et alternait donc entre titularisation et entrées en jeu, il devient progressivement un titulaire indiscutable chez les Rojiblancos. Depuis le 21 octobre, Llorente c’est 35 apparitions pour 32 titularisations et bien malin celui qui peut définir son poste. 

Dans le nouveau 3-5-2 de Diego Simeone, il apparait au milieu, souvent épaulé de Koke et Saul mais se transforme souvent en milieu offensif qui attaque les demi espaces notamment côté droit où il s’entend bien avec des joueurs comme Trippier et Correa. 

 Pourtant, et c’est sûrement pour ça qu’il est devenu indispensable pour le Cholo, son rôle peut évoluer selon le scénario de chaque rencontre. Lorsque l’Atletico pousse, il se retrouve souvent très proche de Luis Suarez et démontre qu’il n’a besoin de personne pour être décisif. Il en est déjà à 9 buts marqués mais aussi à 8 passes décisives, ce qui fait de lui le meilleur passeur de Liga à égalité avec Iago Aspas et… Lionel Messi. 

Llorente s’épanouit à l’Atletico Madrid depuis qu’il a été replacé par Diego Simeone

C’est ce qui définit Llorente et qui fait de lui un joueur si particulier et si précieux dans le football moderne : sa polyvalence. Il n’est pas qu’un milieu récupérateur ou un milieu « box-to-box », il n’est pas qu’un deuxième attaquant, il n’est pas qu’un numéro 10, il n’est pas qu’un milieu droit, il est tout ça à la fois et fait constamment évoluer son rôle pour influer sur le cours des rencontres. 

Quand l’Atletico souffre, il participe activement aux tâches défensives mais dès qu’il sent qu’une ouverture se présente, il est le premier à se projeter vers l’avant et à initier un temps fort de son équipe rien que par son activité.

Il répond d’ailleurs présent quelque soit l’adversaire, qu’il lutte pour le maintien ou soit un concurrent direct pour le titre. Il a d’ailleurs été élu homme de match lors du derby face à son ancien club formateur, le rival madrilène le 7 mars dernier (score final 1-1). 

Zidane a d’ailleurs été interrogé sur son niveau actuel et a répondu : “Ça ne me surprend pas. C’est un joueur de haut niveau qui montre une autre facette qu’il n’avait peut-être pas au Real Madrid. Il joue d’une façon différente. Je savais qu’il avait de la qualité et suis content pour lui.

Joli hommage d’un coach qui lui donnait peu de temps de jeu mais qui reconnait sa fulgurante progression. Une progression basée sur son travail et sa polyvalence et qui doit lui permettre de devenir l’un des meilleurs milieux au monde s’il arrive à maintenir ce niveau sur la durée. 

Le parcours de Marcos Llorente, c’est donc l’histoire d’un milieu défensif parfois trop timide qui a enfin réussi à exprimer son potentiel une fois mis en confiance à un poste différent du sien. Il est aujourd’hui incontournable chez les Colchoneros et se régale dans le rôle de couteau-suisse que Diego Simeone lui a taillé.

A lui maintenant de prouver qu’il peut s’exprimer dans une autre équipe que l’Atletico du Cholo pour convaincre Luis Enrique qu’il mérite sa convocation. Bon courage au coach espagnol pour définir son poste dans une équipe où la concurrence est féroce partout.

Pas de problème pour Llorente, la concurrence il connait.

Toni Molitor